samedi 24 décembre 2011

Frank A. Rinehart , Edward S. Curtis (and co)


Aucune photographie ne m'émeut et ne me fascine autant que les portraits d'Indiens Américains réalisés à la fin du XXème siècle par Edward S. Curtis, Frank A. Rinehart ou Norman A. Forsyth ; en plus de leur beauté plastique, ils me paraissent constituer la quintessence du portrait. Ils interrogent la tension entre le Même et l'Autre, entre la confiance nécessaire au regard et la violence qu'il suppose, ici à l'échelle d'une nation. Ils enregistrent aussi la disparition irrémédiable et constituent la trace tangible de ce que nous avons détruit, concrétisant  la nostalgie dans son essence la plus absolue :
"Je lis en même temps : cela sera et cela a été ; j’observe avec horreur un futur antérieur dont la mort est l’enjeu. En me donnant le passé absolu de la pose, la photographie me dit la mort au futur. Ce qui me point c’est la découverte de cette équivalence. Devant la photo de ma mère enfant, je me dis : elle va mourir : je frémis [...] d’une catastrophe qui a déjà eu lieu. Que le sujet en soit la mort ou non, toute photographie est cette catastrophe. " R. Barthes, La chambre claire, 1980



Cette esthétique influence bien sûr le magnifique travail de Jarmush dans Dead-Man, nourri d'ailleurs des mêmes interrogations, des mêmes tensions entre l'Homme Blanc et l'Indien, le Passé et le Présent de celui qui ne sait pas qu'il est déjà mort...





Un aperçu du travail de Reinhart grâce à la Boston Library, ici sur Flickr...



Rendez-vous sur Hellocoton !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire